Les Echos : Il est temps d’apprendre autrement !

La technologie au service des étudiants ouvre de nombreuses possibilités : un apprentissage modulable, personnalisé, décentralisé, ludique, coopératif, transdisciplinaire, expérientiel... @ENSTABretagne Julien Ogor
La technologie au service des étudiants ouvre de nombreuses possibilités : un apprentissage modulable, personnalisé, décentralisé, ludique, coopératif, transdisciplinaire, expérientiel… @ENSTABretagne Julien Ogor

Quand on évoque le futur du travail, on se complaît souvent dans deux visions stériles. Celle angoissée d’une “robolution” où les humanoïdes déposséderaient les hommes de leur emploi et celle d’une quatrième révolution industrielle générant des gains de productivité nous libérant de la pénibilité de notre travail pour un plus grand développement personnel. Pour l’heure, aucune de ces deux hypothèses ne se vérifie, mais la pénurie de talents, elle, se fait déjà sentir face à des métiers bel et bien en mutation. Selon une étude de Manpower, 45% des chefs d’entreprise tiraient la sonnette d’alarme en 2018, peinant à trouver les compétences techniques et comportementales requises pour occuper les postes qu’ils cherchent à pourvoir. Un niveau record au niveau mondial depuis 12 ans.
https://start.lesechos.fr/continuer-etudes/master-ms-mba/edito-il-est-temps-d-apprendre-autrement-14269.php

Philippe Inowlocki, psychologue social

Le cours magistral a t’il un avenir ?

Sourced through Scoop.it from: ife.ens-lyon.fr

Distances et médiations des savoirs- Distance and mediation of knowledge

Distances et médiations des savoirs- Distance and mediation of knowledge (DMS-DMK)

Référence :  N° 9, 2015

Thème :  Le cours magistral a-t-il un avenir?

 

Les étudiants entre cours magistraux et usage des TIC, Cathia Papi et Viviane GlikmanPeut-on apprendre à philosopher en ligne ?, Muriel BriançonLe cours magistral en amphithéâtre : une situation d’enseignement perturbée par les instruments, Anaïs Loizon et Patrick MayenD’une magistralité l’autre. Remédiation de l’ethos professoral par le dispositif du MOOC, Olivier Aïm et Anneliese DepouxLangues pour étudiants spécialistes d’autres disciplines : de l’amphithéâtre à l’autonomie d’apprentissage, Cédric Brudermann et Nicole Poteaux

See on Scoop.itki-learning.fr Conseil, études, e-formation 2.0

Philippe Inowlocki, psychologue social

La controverse sur l’apprentissage inversé « Flipped Learning »

Dans un article de septembre 2011 , le blog du Monde Internet Actu rend compte de la conférence TED 2011 et de l’approche proposée par Salman Kan, venu présenter la Khan Academy, un dispositif rationnellement structuré de plus de 2000 vidéos éducatives (voir la présentation vidéo avec sous-titres en français). La Khan Academy présente tous les signes du succès avec  1 millions de visiteurs par mois regardant entre 100 et 200 000 vidéos par jour.

Peut-on apprendre en ligne ? | InternetActu.

L’approche pédagogique proposée a été nommée et retenue comme l’apprentissage inversée « Flipped Learning ». Depuis les projets se revendiquant de cette démarche ne cessent de se multiplier, avec en parallèle, des travaux d’évaluation qui viennent alimenter la controverse sur l’impact sur les apprentissages de la méthode.

Le site Thot Cursus sous la plume de Alexandre Roberge en propose une définition :

L’expression « flipped learning » est due à deux professeurs de sciences, Jonathan Bergmann et Aaron Sams, qui ont utilisé cette méthode d’enseignement dès 2006. En fait, pour eux, l’apprentissage inversé tient plus du principe[…] comme ils le disent dans un récent article, que d’une méthode à appliquer mécaniquement.

Rappelons les grandes lignes de ce principe d’apprentissage :

  • L’enseignant enregistre des capsules vidéos de cours magistraux, ou fait appel à des capsules existantes;
  • Les élèves les regardent à la maison sur Internet, sur leur ordinateur ou dans leur lecteur DVD selon les technologies qu’ils ont chez eux;
  • De retour en classe, les élèves mettent en pratique les notions des capsules visionnées par des tests, des projets, des travaux, etc. et demandent des précisions à leur enseignant s’ils n’ont pas tout compris.

Cette méthode qui prétend lutter contre le cours magistral propose donc de déplacer le cours magistral en dehors de la classe, en le mettant en scène dans des séquences vidéos, utilisant les codes de communication des jeux, en offrant par exemple des badges, des médailles donc, aux élèves qui auraient suivis le programme de formation dans l’ordre et plus vite que les autres.

L’innovation se trouve probablement, selon nous, dans l’application de l’univers langagier et graphique des médias ou des jeux grands publics ( musique, habillage vidéo, effets télévisuels).  Ainsi que dans le talent de l’animateur-enseignant à mettre en exergue à l’écran les idées-fortes et les concepts-clef.

A suivre :

Le flux rss twitter sur les mots clef : « Flipped learning » : http://search.twitter.com/search.atom?q=flipped++learning

 

Salman Khan : Utilisons les vidéos pour réinventer l’éducation | Video on TED.comTED Talks Salman Khan parle du pourquoi et du comment de la création de la remarquable Khan Academy, une collection soigneusement structurée de vidéos éducatives qui offrent un programme complet en mathématiques, et, maintenant, dans d’autres domaines.

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via Ted

Philippe Inowlocki, psychologue social

Jean Baudrillard et le Voice picking

La lecture d’un article de Sylvain Malcorps sur le site Rue89 m’évoque cette citation de Jean Baudrillard lue quelques minutes plus tôt, dans un article à paraître du chercheur Gérard Delacour à propos de la montée en puissance de l’idéologie cybernétique dans les institutions éducatives.
Le voice picking est un logiciel professionnel de guidage avec casque par une voix de synthèse pour le métier de préparateur de commandes dans les entrepôts.
L’INRS a d’ailleurs publié une fiche pratique de sécurité sur cette technologie. Le recours au voice picking n’est pas sans risque pour la santé, elle met en garde :

  • . Rythme de travail accru ,
  • . diminution de l’attention portée sur son environnement,
  • . une dépendance à la machine,
  • . développement d’un sentiment de déshumanisation du travail,
  • . diminution de la conscience de l’effort,
  • . suppression de l’autonomie dans l’organisation du travail,
  • . une modification des relations du travail,
  • . la limitation des communications entre collègues et avec la hiérarchie,
  • . diminution du lien social et collectif de travail,
  • . l’appauvrissement des tâches,
  • . l’absence de visibilité globale de la commande,
  • . disparition de l’autocontrôle.

Jean Baudrillard écrit dans Les Stratégies fatales , 1983 :
Tout ce qui  a été un jour constitué en objet par un sujet représente pour celui-ci une virtuelle menace de mort. Pas plus que l’esclave sa servitude, l’objet n’accepte son objectivité forcée. Le sujet ne peut en avoir  qu’une maîtrise imaginaire, éphémère de toute façon, mais il n’échappera pas à cette insurrection de l’objet- seule révolution désormais, mais révolution silencieuse-.

Philippe Inowlocki, psychologue social

Le manifeste du collaborateur en réseau social

L’article de Michael Fauscette, consultant américain en systèmes d’information sur le site smart data collective propose un exercice stimulant de définition des conditions d’épanouissement professionnel des salariés à l’heure où les réseaux sociaux occupent une place « intime » dans l’existence de nos contemporains.

Il se livre à la rédaction du Social employee Manifesto, sous formes de listes, affirmant la nécessité de concevoir de nouvelles organisations du travail pour des collaborateurs hyper-connectés et socialement responsables. Ceci ayant nécessairement une visée pour améliorer la productivité des entreprises et en faire un avantage stratégique vis à vis de la concurrence.

Nous avons besoin d’un nouveau paradigme pour faire avancer les choses et intégrer dans les organisations un nouveau type d’employé qui a beaucoup de mal à travailler dans un système hiérarchique, allant du haut vers le bas ; et dans un environnement hautement contrôlé.

Il liste les affirmations suivantes :

  • Le salarié en réseau est à la recherche de coachs et de mentors mais pas de « patrons »,
  • Il est impliqué dans la résolution des problèmes quotidiens de l’entreprise mais sans « micro-management » de la part de sa hiérarchie car il a reçu de celle-ci des lignes directrices bien établies,
  • Il existe dans son entreprise une politique du travail et de la formation en réseau social,
  • Il a la liberté de choisir le matériel dont il a besoin comme les périphériques mobiles, les ordinateurs portables, etc, qui s’adapte à son style de travail individuel,
  • L’accès aux réseaux sociaux est sans limites,
  • Il a la liberté et la capacité à former des groupes de travail ad hoc en fonction des besoins pour résoudre les problèmes qu’il rencontrent dans ses missions,
  • Le systèmes d’information de l’entreprise est centrée sur le collaborateur (People centric) et est configurable individuellement pour chaque personne,
  • Les lieux de travail et les horaires sont souples lorsque cela est possible,
  • Le management est ouvert et transparent,
  • La communication se produit en mode multi-point,
  • « Co-branding » – le management rend possible l’association étroite de la « marque personnelle » du collaborateur avec celle de l’entreprise pour gagner plus d’impact sur le marché,
  • Une culture des processus de décision qui implique les collaborateurs,
  • Fonctionnement en communauté,
  • Éthique et responsabilité sociale, en tant que citoyen du monde,
  • Gestion par les résultats pas par les méthodes,
  • Partage du Contrôle des processus,
  • Des objectifs commerciaux clairs soutenus par une stratégie d’entreprise souple.


  • Dans ce cadre le collaborateur en réseau social va apporter à l’entreprise :


  • Une capacité à la résolution de problèmes en mode « distribué » car en réseau. Chaque employé peut résoudre un petit problème au quotidien de manière distribuée avant qu’ils ne deviennent des problèmes importants pour l’entreprise,
  • Créativité,
  • Une forte éthique du travail qui favorise la gestion personnelle des résultats et la recherche de niveaux élevés de productivité,
  • La responsabilité et des capacités d’évaluation,
  • Une forte marque personnelle,
  • L’engagement avec l’entreprise et la collaboration,
  • L’éthique personnelle,
  • Une capacité à représenter efficacement la marque de l’entreprise.

  • Remarques : A la lecture de Michael Fauscette, nous pouvons identifier que, au delà de l’autonomie du salarié, capacités métacognitives, apprenance, auto-directivité et responsabilité sociale personnelle deviendraient donc les compétences-clef nécessaires dans les nouvelles organisations industrielles en réseaux. Les entreprises se verraient contraintes de s’adapter à des générations montantes de jeunes diplômés, portés par ces nouvelles pratiques et cette nouvelle culture des organisations. Tout en y trouvant des opportunités pour faire évoluer leurs propres modes de management ; évolutions rendues nécessaires par les compétiteurs qui, eux, ont déjà adopté ces modalités de travail en réseau !

    Quelle serait le manifeste du « collaborateur en réseau social » dans le contexte français ?
    Quelles seraient les exigences des nouveaux collaborateurs pour travailler efficacement ?
    Quelles sont les exigences des employeurs qui vous semblent rédhibitoires concernant le partage de l’information ?

    Pourriez-vous chers lecteurs placer vos exemples pour le manifeste français du collaborateur en réseau social dans les commentaires de cet article, nous verrons s’il y a matière à le mettre à jour ?

    Philippe Inowlocki, psychologue social